2023…

Je n’attache pas une grande importance aux gesticulations euphoriques censées saluer l’année nouvelle et si je souscris encore cette fois à l’exercice formel des vœux, c’est plus pour dresser le constat d’une année politique décevante. Et puis aussi parce qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas écrit de billet sur ce blog… En fait, ces deux raisons sont étroitement corrélées : je n’éprouve plus de véritable intérêt pour une vie politique qui ne cesse de bégayer stupidement et ne sait pas offrir de perspectives concrètes aux gens.

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La fabrique des crétins et des salauds

Dans le billet précédent, considérant à la fois la médiocrité de nos dirigeants et les terribles régressions sociales imposées à notre peuple, que ce soit au nom de l’austérité, la rigueur, la compétitivité ou je ne sais quoi, je me demandais comment nous en étions arrivés là, pourquoi le corps social n’a pas davantage réagi à cet abaissement. La réponse est dans le constat que la bourgeoisie a su, à travers ses appareils idéologiques, imposer dans une large mesure sa représentation de la société et obtenir sinon un consentement total à sa domination, au moins le fatalisme des masses se sentant impuissantes.  C’est, comme l’écrivait Marx l’état de la lutte des classes en France qui a créé les conditions de cette médiocrité.

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Des mots pour le dire…

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Pour dire quoi ? Pour aujourd’hui, ce sera le résultat du premier tour des élections départementales.  Ce n’est pas la première fois qu’on aborde ici le rapport entre le chaos du réel et les mots qui l’organisent dans notre conscience. Car la nature du mot est avant tout idéologique —que les linguistes purs et durs me pardonnent !  En effet, les vocables que nous employons délimitent une partie du réel, la constituent en référent d’une suite de sons et construisent ainsi dans notre pensée l’unité conceptuelle du sujet, qui, nous le savons bien, n’est pas forcément identique d’une langue ou d’une culture à une autre : en fonction de quels choix voyons-nous sept couleurs dans le dégradé continue de l’arc-en-ciel alors qu’Aristote n’en distinguait que trois et que l’œil humain peut en différencier 150 ? —si toutefois nous savons les nommer… Lire la suite

Déontologie du journalisme ?

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Le billet précédent avait pour but de souligner —ce que la plupart d’entre nous sait déjà— l’étroite intrication entre le milieu des affaires, celui des médias et la classe politique. Ce genre de rappel, en citant les organes de presse, n’est jamais inutile pour bien mesurer l’ampleur du phénomène.  Elle est d’ailleurs telle que j’ai dû me limiter aux noms les plus connus : j’aurais pu aussi mentionner parmi ceux qui façonnent l’opinion, aussi bien la famille Amaury (fortune 261 millions, groupe Le Parisien-Aujourd’hui en France), que des gens qui ont une vague coloration de gauche comme Jean-Michel Baylet, président national du Parti radical de gauche (PRG) et patron du groupe La Dépêche. Il n’est que la 509ème fortune de France, avec seulement 50 millions d’euros.  Ou bien Claude Perdriel (150 millions, 180ème fortune), propriétaire du Nouvel Observateur et de Challenges qui organisa naguère la campagne de François Mitterrand et plus récemment au conseil de surveillance du Monde tenta d’imposer le maintien d’Alain Minc —tiens, comme on se retrouve !— au mépris des statuts du groupe.  On le voit bien, tous ceux-là forment une coterie —une coterie fortunée— qui veille, que ses membres soient de droite ou prétendus de gauche, à leurs intérêts de classe.  On a vu en 2005 comment il furent unanimes à se ranger dans le camp du « oui » au traité libéral de Giscard… Lire la suite

Médiacratie et oligarchie…

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Nous sommes « informés« , surinformés, inondés même, pourrait-on dire : journaux écrits, gratuits pour nombre d’entre eux, journaux radio et télévisés, flash-radio et chaînes télé d’info continue, alertes e-mail et SMS… Mais ce n’est pas tout : nous baignons dans un environnement de mots et d’images, de signes qui produisent du sens, à travers des récits d’évènements ou de fiction, de la BD aux séries télévisées, du livre pour enfants à la publicité en passant par le cinéma ou le roman.  Et ce « sens« , il est produit de deux façons : d’abord, par le contenu explicite des messages souvent répétitifs pour mieux se graver dans nos esprits. Mais ce contenu explicite peut être soumis à une analyse critique, posé comme objet de réflexion, même si c’est parfois difficile au regard de la multiplicité et de la puissance des hauts-parleurs qui nous le claironnent.  Ensuite, et c’est beaucoup plus insidieux, le sens est produit par ce qui passe en contrebande, véhiculé implicitement, par le choix des concepts qui organisent la réalité vécue en discours, par les chocs émotifs sans recul, par les représentations du monde, de la famille, de l’individu qui lui sont sous-jacentes et les valeurs dont ces représentations sont porteuses. N’en prenons qu’un exemple : c’est au moment de la création du Medef que le discours patronal a généralisé le terme de « charges« , connoté négativement, évocateur du fardeau qui ralentit la progression et fait peiner celui qui le porte, le substituant au mot « cotisation« , seule dénomination officielle connue des textes législatifs, mais qui a le grand tort d’évoquer la participation à une action solidaire.  Le Medef, largement relayé par les médias a réussi à imposer « charges » qui est devenu le vocable courant de la presse et qu’on peut même reprendre à notre insu par manque de vigilance.  Son argumentation explicite contre la solidarité sociale est ainsi renforcée par l’aura dévalorisante du mot.

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Plaisir au centre de l’actualité nationale !

75_t_1-127x150La “Une” du Parisien, ce matin, pourrait le donner à croire… D’autant que les journaux télévisés nationaux et régionaux d’hier avaient consacré de longs sujets à l’événement (on a même eu droit à une interview de Mme Fillioud sur Fr3 ! ) . Seulement, à y regarder de plus près, on est en droit de se poser quelques questions.

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Démocratie d’opinion

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On distinguait naguère la démocratie directe, où la souveraineté appartiendrait au peuple sans intermédiaire (Tout le pouvoir aux Soviets !), de notre démocratie représentative, qui voit ledit peuple élire ses représentants pour gouverner en son nom pendant une période donnée.
Notre merdonité libérale a accouché d’un nouveau concept : la « démocratie d’opinion ». Il faut dire que notre “démocratie représentative” a du plomb dans l’aile après qu’ultralibérale, avec les Raffarin, Sarkozy, Fillon et autres Villepin ou Chirac, la représentation nationale a fait fi de toutes les aspirations populaires, brisé les solidarités, aggravé la fracture sociale qu’elle prétendait réduire (selon l’adage indigne qui veut que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient) ; et cela succédant à une « gauche », prétendument socialiste qui s’était sans honte glissée dans la défroque eurolibérale, décevant tant ce peuple qu’elle représentait si mal qu’il la désavoua à deux reprises, le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005.

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