L’insoutenable moraline de la non-violence…

Manifestation du 1er mai 2023

Encore un billet sur ce mot —la violence— qui est devenu l’antienne des journalistes en laisse (tiens, je pense à ce chiot hargneux de Benjamin Duhamel !) et le nouveau sermon de la bien-pensance pontifiante de notables pompeux et autres perroquets des éléments de langage gouvernementaux. Ne déduisez pas trop vite de ce propos que j’approuverais la violence : je la crains et je la déteste. Elle est odieuse quand elle est l’exercice brutal d’un pouvoir autoritaire et contre-productive quand elle se croit une réponse à l’arbitraire et l’injustice. Mais oui, j’établis quand même une nuance : je ne tire pas un trait d’égalité entre la violence de l’oppresseur et celle de l’opprimé qui lui résiste. Cela cependant ne justifie en rien ce mode d’action qui divise au lieu de rassembler, justifie une répression accrue et nourrit le discours idéologique du pouvoir — autrement dit, la moraline bourgeoise.

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La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force…

Ce n’est certes pas très original de rappeler que le discours macronien est la variante moderne de la novlangue orwellienne laquelle, à coup de simplifications, de néologismes ou de détournements sémantiques visait à rendre impossible toute critique de l’État. Quand on entend le président lui-même évoquer un « cheminement démocratique » concernant l’adoption sans vote réel de la réforme des retraites par la représentation nationale ni assentiment partagé de la population ou quand la première ministre va jusqu’à oser évoquer devant les membres de son parti « l’émancipation des individus », on se dit qu’effectivement, la liberté, c’est l’esclavage

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Les nouveaux ayatollahs

Manifestation intersyndicale du 7 février 2023 contre la réforme Borne-Macron des retraites

Il y a deux ans et demi, la classe politique unanime dénonçait à juste titre l’ignoble meurtre de Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures à ses élèves. Et chacun de réaffirmer, toujours à juste titre, le droit inaliénable à la caricature et la liberté d’expression comme pilier de la démocratie. C’était le lointain écho de la grande manifestation de janvier 2015 qui vit la France entière, ou peu s’en faut, rendre un hommage mérité aux dessinateurs assassinés du journal Charlie-hebdo. Badernes galonnées se mettaient au garde-à-vous et vieux prélats mielleux encensaient la mémoire de ces artistes merveilleusement antimilitaristes et bouffeurs de curés… Mais voilà qu’aujourd’hui on assiste au retour du sacrilège !

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39ème congrès

Dans le billet précédent, j’exprimais mes doutes sur l’adéquation de la forme « parti » à la vie politique d’aujourd’hui et mon inquiétude sur l’avenir du parti communiste français. J’ai cependant la conviction profonde qu’un parti communiste est nécessaire, d’une part car dans le cadre des institutions actuelles, l’organisation sous une forme structurée et démocratique est la plus adaptée pour accéder aux responsabilités locales comme nationales de la vie publique et d’autre part le communisme, par sa visée d’émancipation humaine collective est le prolongement politique des conflits de classes, leur donne un cadre théorique et leur offre une perspective générale de transformation sociale. Mais face à cette conviction, il y a le terrible passif de l’échec soviétique qui pèse lourdement sur l’opinion publique car il a vu cette visée d’émancipation accoucher d’un régime oppressif lequel finalement s’est effondré, et avec lui nos certitudes sur les lendemains qui devaient chanter…

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2023…

Je n’attache pas une grande importance aux gesticulations euphoriques censées saluer l’année nouvelle et si je souscris encore cette fois à l’exercice formel des vœux, c’est plus pour dresser le constat d’une année politique décevante. Et puis aussi parce qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas écrit de billet sur ce blog… En fait, ces deux raisons sont étroitement corrélées : je n’éprouve plus de véritable intérêt pour une vie politique qui ne cesse de bégayer stupidement et ne sait pas offrir de perspectives concrètes aux gens.

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Rousseau, Ruffin, Roussel et les autres…

On s’engueule au sein de la Nupes, et ce genre de spectacle à gauche n’est pas nouveau. A entendre les réactions des uns et des autres, on a le sentiment que le moindre mot est surinterprété soit pour dénigrer un Fabien Roussel auquel certains ne pardonnent pas de s’être présenté contre Mélenchon à la présidentielle, soit pour attaquer LFI par qui des communistes se sentent (parfois à juste titre) maltraités. De ce fait, des divergences, que personnellement j’estime mineures, sont instrumentalisées et montées en épingle pour régler des comptes… Et tout cela pour le plus grand profit des droites qui utilisent ces divisions pour décrédibiliser la Nupes.

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La guerre de mouvement…

Il y a un an, j’écrivais :

[La fachosphère] est présente dans tous les domaines de la vie sociale et culturelle : on l’a vue à la Manif pour tous, elle est entrée dans nos maisons grâce aux chaînes Bolloré, se répand sur les ondes avec Sud-radio et bientôt, qui sait ? Europe 1, elle a créé ses propres médias, formant ainsi, à côté de sa façade politique du RN, un véritable quadrillage idéologique sous une apparence de patch-work, mais parfaitement interconnecté et labourant les esprits. C’est ce que Gramsci décrivait comme la guerre de position qui permettait en gagnant l’un après l’autre les différents compartiments de l’opinion publique, d’obtenir l’hégémonie culturelle. L’étape suivante est la guerre de mouvement : c’est-à-dire la prise du pouvoir.

Il est à craindre que cette guerre de mouvement n’ait été entamée dimanche dernier avec les élections législatives.

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La chauve-souris

Mon bulletin de vote, revu et corrigé

A la veille des législatives de 2017, Jean-Luc Mélenchon accusaient les Communistes, les Verts, les frondeurs socialistes qui cherchaient des alliances, d’être, selon son expression : « une famille tuyau de poêle où l’on s’emboîte si bien que dernier tient la main d’un macroniste ». Cette accusation m’avait choqué : elle pouvait certes s’appliquer à une partie de ce qu’on appelle trop facilement la « gauche », mais en tout cas ce n’était pas la mienne, pas celle des communistes plaisirois qui se sont toujours opposés aux coalitions opportunistes avec les libéraux prétendus sociaux.

A la veille des législatives de ce mois, je me suis félicité, même si la répartition me semblait très injuste vis-à-vis du Parti communiste, de l’accord électoral de la Nupes où enfin la gauche (sans guillemets, cette fois, du moins je l’espère…) se trouvait réunie mais je ne m’attendais certes pas, dans ma circonscription, à devoir tenir la main d’un crypto-macroniste naguère élu Modem puis UDI avant de devenir l’attaché parlementaire d’une socialiste ralliée à LREM…

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Quelle union populaire ?

Au moment où je commence à écrire ce billet, le PCF n’a pas encore signé l’accord électoral négocié avec la France Insoumise — je devrais peut-être écrire plutôt « imposé par Mélenchon ». Il est très probable qu’il le fera dans les heures qui suivent et c’est tant mieux car c’est nécessaire. Ce qui ne veut évidemment pas dire que cet accord est juste.

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Troisième tour ?

Comme je l’expliquais dans le billet précédent, je ferai l’impasse sur le deuxième tour car, je le répète, désormais, je ne vote plus que pour mes idées : ce ne sont surtout pas celles de Marine Le Pen mais sûrement pas celles de Macron non plus. Terminés le vote par défaut, le vote « utile », le vote pour éliminer, le vote du « moins pire »… A ceux qui ont foutu la merde de la nettoyer tout seuls ! Ce qui est à l’ordre du jour maintenant, c’est l’inévitable troisième tour, et s’il n’a pas lieu dans les urnes des législatives —ce qui est probable— il devra avoir lieu dans la rue, dans les entreprises et les universités.

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